Défi 1 : Imaginer de nouvelles alternatives

 

Face aux impasses des modèles extractivistes, productivistes et consuméristes, quelle ingénierie voulons-nous, pour quel avenir ? Entre désertion, résignation, et solutionnisme, des alternatives s’offrent à nous lorsqu’il faut envisager avec discernement la place des technologies dans l’expérience humaine.

Toutefois, pour être en capacité de penser et d’imaginer de véritables alternatives techniques, il faut être en mesure de les articuler à des alternatives socio-politiques, économiques, philosophiques, cognitives, organisationnelles,...

A propos de ces alternatives, les disciplines TSH proposent des modèles, concepts, généalogies, méthodes, récits, expériences… qui permettent de sortir de l’impression anxiogène d’un enfermement systémique, et d’imaginer des rapports autres aux vivants et à la planète.

 

AR03 (Barbara Olszewska)

Dans cette UV, l'analyse des Beaux-Arts se déploie dans l'exploration des formes imaginaires des sociétés émergentes. Ces formes incluent les représentations futuristes, les récits fictionnels dénonçant les dysfonctionnements sociaux, et les œuvres visant à promouvoir l'émancipation individuelle, tout en proposant des orientations vers des paradigmes créatifs alternatifs.

Le cours entreprend ainsi une analyse approfondie des mouvements artistiques d'avant-garde, regroupant des courants tels que le futurisme, le surréalisme, le dadaïsme, le constructivisme, le lettrisme, le fluxus, l'In situ, la Beat Generation, et d'autres. Ces mouvements se distinguent par leur ambition explicite de déclencher des mutations sociales significatives en remettant en question les normes établies dans tous les domaines de la vie sociale. En mettant en lumière les limites et les contradictions des pratiques sociales et artistiques préexistantes, ces mouvements aspirent à ouvrir de nouvelles voies créatives et à favoriser des changements profonds au sein de la société.

Nous nous penchons sur les diverses approches par lesquelles les artistes articulent des visions à la fois artistiques et sociétales, et évaluons leur pertinence face aux crises écologiques et sociales contemporaines. Dans cette optique, nous encourageons les étudiants à engager des rencontres avec des acteurs de divers champs de l'art contemporain. Ces échanges permettent d'aborder de manière concrète, à travers les pratiques et démarches des artistes, les questions liées à l'évolution de l'art et à son rôle dans la société contemporaine.

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DI05 (Nicolas Salzmann pour l’automne, José Pendje pour le printemps)

Esquisser des alternatives nécessite de prendre du recul, de faire un pas de côté, de déconstruire les évidences, et de se donner du champ pour envisager les choses autrement. Pour ce faire, l’approche fonctionnelle, qui est au cœur de DI05, est très puissante. Elle consiste à se décoller des moyens (le comment) pour revenir aux fins (le pour quoi) et augmenter ainsi l’espace des possibles. On apprend ainsi à interroger tout produit, service ou organisation en se demandant non pas seulement comment cela est fait mais aussi pourquoi et pour quoi cela est nécessaire et utile, afin de peut-être envisager d’autres solutions. En mobilisant par exemple les travaux sur l’hominisation d’André Leroi-Gourhan, on élargit l’espace de conception d’une chaise, en ne se focalisant plus uniquement sur la forme ou les matériaux. Il s’agit de prendre en compte les activités, leur contexte technique et social, et leurs nouveautés. Tout ceci permet de réinventer le couple activités-support de repos et d’action et de chercher des alternatives à la chaise (de plus en plus décriée ergonomiquement). L’abstraction fonctionnelle progressive, par enchaînement de « à quoi ça sert ? », s’applique aussi bien aux objets qu’aux processus, services et organisations (ex : raison d’être d’une entreprise ou d’une école d’ingénieurs).

DI05 est une UV TM de méthodologie de conception qui prend largement appui sur la pensée de la technique produite en TSH et Costech, aussi bien quant aux enjeux sociétaux de la technique que concernant sa non-neutralité, notion qui se traduit ici par le fait que les objectifs (ou fins) et les moyens ne sont pas étrangers l’un à l’autre, et que l’art du technologue consiste donc à les distinguer et articuler.

DI05 figure aux programmes d’Hutech, de GU et d’IM, et est également recommandée en MPI et dans certains Masters.

Site de l’UV : https://di05.uv.utc.fr/

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GE13 (Johan Desbonnet)

Qu’entend-on par exposition des sociétés aux risques naturels et technologiques dans la période actuelle où les paradigme(s) que l’on nomme anthropocène, transition territoriale, adaptation, résilience des sociétés sont omniprésents dans le débat médiatique, scientifique et politique ? De quels risques parle-t-on ? Comment les appréhender ? Avec quelles méthodes ?

La complexité des défis environnementaux et technologiques auxquels nos sociétés font face (effets du changement climatique, érosion de la biodiversité, risques technologiques liés à un aléa naturel, pollution environnementale) doit nous conduire à mieux prendre en compte l’apport des sciences sociales et territoriales afin de resituer la trajectoire de nos sociétés dans un contexte d’incertitudes croissantes.  Alors que les approches fonctionnalistes autour de l’équation risque = aléa * vulnérabilité restent à ce jour encore dominantes, le risque doit plutôt être envisagé comme un construit socio-territorial, politique et scientifique qui est le fruit de coévolutions des rapports entre sociétés, nature et technique.

Les approches de la géographie de l’environnement doivent nous permettre de mieux intégrer les problématiques de vulnérabilité territoriale et d'adaptation de nos sociétés dans l’analyse systémique des risques "naturels" et technologiques. L'objectif est alors d'identifier les freins et les leviers relatifs à la capacité d’une société à prévoir et à anticiper une crise, tant d’un point de vue de sa prise de conscience, que de sa capacité à apporter des réponses par la production de systèmes de mesures, de connaissances et de techniques de gouvernement (planification, cartographie réglementaire, etc.). Ces techniques, dont la responsabilité peut incomber à l'ingénieur, ne sont pas neutres, et peuvent amener à de vives controverses socio-techniques. C'est par exemple le cas des plans de prévention des risques littoraux qui dans certains cas n'ont pas été totalement acceptés ni approuvés par la population et les pouvoirs publics locaux.


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GE28 (Tanja Petelin)

La propriété intellectuelle permet d’attribuer à une personne, à l’exclusion des autres, la maîtrise d’une chose immatérielle (œuvre de l’esprit, invention, marque…) : cette personne est la seule à pouvoir exploiter l’objet protégé (p. ex. communiquer une œuvre au public, fabriquer une invention, utiliser une marque…) ou autoriser l’exploitation par un tiers. Consacrée à la fin du XVIIIe siècle, elle est initialement fondée sur l’idée d’un droit naturel des créateurs sur les fruits de leur activité créatrice. Avec le temps, le champ de la propriété intellectuelle s’élargit, tout comme ses justifications : encouragement de l’investissement ou de l’innovation, idée de récompense… L’évolution technologique et sociétale conduit la propriété intellectuelle à se saisir de nouveaux sujets impliquant les enjeux du développement durable : l’IA générative (l’avenir de la création humaine, développement encadré des LLM…), les biotechnologies (enjeux éthiques, biodiversité, risques d’appropriation des éléments de la nature ou de pillage des savoirs traditionnels…), le brevet des médicaments et l’accès à la santé, l’information des consommateurs sur l’impact environnemental des produits (problématique de greenwashing), propriété intellectuelle sur les pièces détachées de rechange destinées à la réparation d’un produit… La propriété intellectuelle peut-elle être un catalyseur du développement durable ? Quelle place accorder au mouvement du libre, aux écosystèmes de l’innovation ouverte ou encore à la mise à disposition gratuite des inventions brevetées (« Patent Pledge ») ? L’objectif du cours est de comprendre les notions et les mécanismes de la propriété intellectuelle afin de pouvoir réfléchir et se positionner face à ces enjeux.

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HE01 (Pierre Steiner, Semestre d'automne)

Quel(s) rôle(s) pour les sciences dans l'imagination de ces nouvelles alternatives ?

Tout au long  d'une histoire qui n'est pas terminée, les savoirs scientifiques ont contribué à instaurer des rapports spécifiques à la planète et au vivant, en continuité avec des configurations techniques et sociales. Que peut-on attendre et ne pas attendre aujourd’hui des sciences en temps de crises : éléments de diagnostic, modèles prédictifs, préconisations et solutions techniques, expertises et contre-expertises, savoirs à l’autorité incontestable ? Mais que signifient exactement ces expressions ? A quels idéaux et modèles du savoir renvoient-elles ? Comment situer l’ingénierie par rapport à ces modèles ?

L’épistémologie et l’histoire des sciences proposent des ressources permettant d’interroger et de complexifier ce que l’on entend classiquement par « méthode scientifique », « objectivité », « doute », « progrès » ou « vérité », et d’éclairer les conditions de possibilité de nouveaux modes de production et de réception des sciences (comme l’écologie et les sciences du climat) en société.

Une partie de l'UV (4 séances) porte sur les conceptions scientifiques de la nature tout au long de l'histoire. Une autre partie (3 séances) est consacrée au rôle et aux limites de l'expertise scientifique en temps de crise(s). La question de la modélisation et des modèles du climat est abordée dans une séance spécifique, intégrée dans une autre partie de l'UV. Certains textes travaillés et présentés par les étudiant.e.s dans les séances de TD, tout au long du semestre, traitent de l'écologie et des sciences de l'environnement, de la gestion des risques environnementaux et sanitaires, et des sciences du climat.

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HT01 (Guillaume Carnino)

L’UV HT01, « Culture et histoire des techniques », se propose de mettre à distance les idées naïves et fausses de révolution industrielle (au profit de celle plus nuancée d’industrialisation), de géniale invention, de linéarité des évolutions sociales du Néolithique à nos jours et, in fine, de progrès et d’innovation. Car le mythe de l’innovation de rupture nous enferme dans la quête éperdue d’une technologie salvatrice, alors même qu’il est impossible de trouver la trace d’un tel phénomène dans l’histoire. Puisque jamais par le passé le monde n’a été brutalement retourné sens dessus dessous par l’avènement d’une technique qui aurait révolutionné le siècle en un tournemain, il n’y aucune raison d’attendre qu’une telle chimère puisse sauver les sociétés contemporaines (par exemple du marasme écologique actuel). Au sortir de l’enseignement, les étudiants doivent être capables de mettre à distance les discours mystificateurs sur la naturalité du progrès et de discerner les contours de l’intrication entre évolutions industrielles et enjeux sociaux, politiques et économiques. Imaginer des alternatives au modèle extractiviste, productiviste et consumériste actuel requiert de mettre en évidence les rapports de force et la contingence des évolutions ayant mené aux crises contemporaines, et c’est ce à quoi s’emploie en dernière instance l’UV HT01.

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IS04 (Hugues Choplin, Semestre d'automne)

Comment exploiter certaines visions philosophiques du monde – occidentales ou non-occidentales – pour imaginer des rapports aux vivants et aux écosystèmes qui refusent aussi bien leur domination (humaniste) que leur vénération (naturaliste) ?

Dans cette UV, nous entendons à la fois problématiser la tradition philosophique occidentale et en tirer les conséquences sur la posture et les démarches soutenables susceptibles d’être assumées par l’ingénieur contemporain. Dans cette double perspective, les étudiant-e-s s’attacheront, d’une part, à problématiser et à débattre d’une « question radicale » interrogeant les hiérarchies (humain/animal ; culture/nature ; homme/femme… ) constitutives de la pensée occidentale (ex. de questions radicales : l’éducation nous sépare-t-elle de la nature ? ; le mouvement féministe doit-il devenir écologique ? ; doit-on être écoterroriste ?). Ils conduiront, d’autre part, une enquête critique sur un dispositif technique réputé soutenable. Ils proposeront un diagnostic philosophique de ce dispositif et élaboreront, sur cette base, des propositions pour le transformer. Les étudiant-e-s pourront choisir un dispositif a priori prometteur sur le plan écologique (par ex. : un dispositif d’agroécologie, un habitat bio-climatique) ou au contraire un dispositif qu’il leur paraît nécessaire de remettre en cause (par ex. : un dispositif de géoingénierie ; une imprimante 3D de viande).

Ces deux activités sont soutenues tout au long du semestre par des cours qui s’attachent à déceler dans notre tradition philosophique occidentale mais aussi dans certaines pensées non-occidentales (en particulier chinoise) des ressources conceptuelles (ex. : le concepts d’âme chez Aristote) pour se libérer des hiérarchies dont nos pensées et nos pratiques sont aujourd’hui encore prisonnières.

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SC12 - Technologie et cognition (Charles Lenay)

Les crises contemporaines, qu’elles soient écologiques (réchauffement climatique et biodiversité), économiques (mondialisation, automatisation), ou idéologiques (fragmentation des communautés, Intelligence artificielle) sont toutes, en même temps, des crises technologiques.

Le cours SC12 cherche à comprendre comment les milieux techniques constituent nos possibilités de percevoir, d’agir et de penser. Cela aide à imaginer des perspectives alternatives. Notre époque est celle d’une métaphysique informationnelle liée aux technologies numériques : la cognition ne serait qu’un traitement d’information comme l’Intelligence artificielle et le monde serait modélisable comme dans la réalité virtuelle. Penser les liens entre médiations techniques et expérience humaine permet de critiquer cette métaphysique pour explorer une approche alternative de la conception technique ancrée dans la réalité vivante, émotionnelle et sociale.

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SI22 (Delphine Chedaleux - Semestres d'automne et de printemps)

A quels imaginaires renvoient les images et les messages médiatiques auxquels nous sommes quotidiennement confronté·e·s? Quels systèmes de valeurs participent-ils à diffuser et à naturaliser ? Peut-on imaginer des systèmes de valeurs plus soutenables et si oui, peut-on les articuler aux structures économiques et sociales existantes?

L'UV propose d'apprendre à décrypter la manière dont les médias contemporains continuent globalement de naturaliser - tout en reconfigurant les discours qui les accompagnent - des modèles socio-économiques fondés sur les inégalités, les hiérarchies, le productivisme et le consumérisme. Trois séances sont en particulier consacrées à l'analyse socio-sémiotique de la publicité comme lieu d'observation du "nouvel esprit du capitalisme"(Boltanski et Chiapello), à savoir l'appropriation - et la neutralisation - par le capitalisme néolibéral des critiques (sociales et artistiques) qui lui sont adressées (voir par exemple le fichier image ci-dessous).

Plus largement, le cours propose d'apprendre à décoder les médias (médias traditionnels tels que la publicité, le cinéma, les représentations télévisuelles, et "nouveaux" médias tels que les jeux vidéo ou les réseaux sociaux numériques) pour mieux envisager des alternatives désirables aux imaginaires et aux pratiques symboliques et sociales qu'ils façonnent.

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