Défi 1 : Imaginer de nouvelles alternatives

 

Face aux impasses des modèles extractivistes, productivistes et consuméristes, quelle ingénierie voulons-nous, pour quel avenir ? Entre désertion, résignation, et solutionnisme, des alternatives s’offrent à nous lorsqu’il faut envisager avec discernement la place des technologies dans l’expérience humaine.

Toutefois, pour être en capacité de penser et d’imaginer de véritables alternatives techniques, il faut être en mesure de les articuler à des alternatives socio-politiques, économiques, philosophiques, cognitives, organisationnelles,...

A propos de ces alternatives, les disciplines TSH proposent des modèles, concepts, généalogies, méthodes, récits, expériences… qui permettent de sortir de l’impression anxiogène d’un enfermement systémique, et d’imaginer des rapports autres aux vivants et à la planète.

 

HE01 (Pierre Steiner, Semestre d'automne)

Quel(s) rôle(s) pour les sciences dans l'imagination de ces nouvelles alternatives ?

Tout au long  d'une histoire qui n'est pas terminée, les savoirs scientifiques ont contribué à instaurer des rapports spécifiques à la planète et au vivant, en continuité avec des configurations techniques et sociales. Que peut-on attendre et ne pas attendre aujourd’hui des sciences en temps de crises : éléments de diagnostic, modèles prédictifs, préconisations et solutions techniques, expertises et contre-expertises, savoirs à l’autorité incontestable ? Mais que signifient exactement ces expressions ? A quels idéaux et modèles du savoir renvoient-elles ? Comment situer l’ingénierie par rapport à ces modèles ?

L’épistémologie et l’histoire des sciences proposent des ressources permettant d’interroger et de complexifier ce que l’on entend classiquement par « méthode scientifique », « objectivité », « doute », « progrès » ou « vérité », et d’éclairer les conditions de possibilité de nouveaux modes de production et de réception des sciences (comme l’écologie et les sciences du climat) en société.

Une partie de l'UV (4 séances) porte sur les conceptions scientifiques de la nature tout au long de l'histoire. Une autre partie (3 séances) est consacrée au rôle et aux limites de l'expertise scientifique en temps de crise(s). La question de la modélisation et des modèles du climat est abordée dans une séance spécifique, intégrée dans une autre partie de l'UV. Certains textes travaillés et présentés par les étudiant.e.s dans les séances de TD, tout au long du semestre, traitent de l'écologie et des sciences de l'environnement, de la gestion des risques environnementaux et sanitaires, et des sciences du climat.

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IS04 (Hugues Choplin, Semestre d'automne)

Comment exploiter certaines visions philosophiques du monde – occidentales ou non-occidentales – pour imaginer des rapports aux vivants et aux écosystèmes qui refusent aussi bien leur domination (humaniste) que leur vénération (naturaliste) ?

Dans cette UV, nous entendons à la fois problématiser la tradition philosophique occidentale et en tirer les conséquences sur la posture et les démarches soutenables susceptibles d’être assumées par l’ingénieur contemporain. Dans cette double perspective, les étudiant-e-s s’attacheront, d’une part, à problématiser et à débattre d’une « question radicale » interrogeant les hiérarchies (humain/animal ; culture/nature ; homme/femme… ) constitutives de la pensée occidentale (ex. de questions radicales : l’éducation nous sépare-t-elle de la nature ? ; le mouvement féministe doit-il devenir écologique ? ; doit-on être écoterroriste ?). Ils conduiront, d’autre part, une enquête critique sur un dispositif technique réputé soutenable. Ils proposeront un diagnostic philosophique de ce dispositif et élaboreront, sur cette base, des propositions pour le transformer. Les étudiant-e-s pourront choisir un dispositif a priori prometteur sur le plan écologique (par ex. : un dispositif d’agroécologie, un habitat bio-climatique) ou au contraire un dispositif qu’il leur paraît nécessaire de remettre en cause (par ex. : un dispositif de géoingénierie ; une imprimante 3D de viande).

Ces deux activités sont soutenues tout au long du semestre par des cours qui s’attachent à déceler dans notre tradition philosophique occidentale mais aussi dans certaines pensées non-occidentales (en particulier chinoise) des ressources conceptuelles (ex. : le concepts d’âme chez Aristote) pour se libérer des hiérarchies dont nos pensées et nos pratiques sont aujourd’hui encore prisonnières.

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SI22 (Delphine Chedaleux - Semestres d'automne et de printemps)

A quels imaginaires renvoient les images et les messages médiatiques auxquels nous sommes quotidiennement confronté·e·s? Quels systèmes de valeurs participent-ils à diffuser et à naturaliser ? Peut-on imaginer des systèmes de valeurs plus soutenables et si oui, peut-on les articuler aux structures économiques et sociales existantes?

L'UV propose d'apprendre à décrypter la manière dont les médias contemporains continuent globalement de naturaliser - tout en reconfigurant les discours qui les accompagnent - des modèles socio-économiques fondés sur les inégalités, les hiérarchies, le productivisme et le consumérisme. Trois séances sont en particulier consacrées à l'analyse socio-sémiotique de la publicité comme lieu d'observation du "nouvel esprit du capitalisme"(Boltanski et Chiapello), à savoir l'appropriation - et la neutralisation - par le capitalisme néolibéral des critiques (sociales et artistiques) qui lui sont adressées (voir par exemple le fichier image ci-dessous).

Plus largement, le cours propose d'apprendre à décoder les médias (médias traditionnels tels que la publicité, le cinéma, les représentations télévisuelles, et "nouveaux" médias tels que les jeux vidéo ou les réseaux sociaux numériques) pour mieux envisager des alternatives désirables aux imaginaires et aux pratiques symboliques et sociales qu'ils façonnent.

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